De la rue aux galeries,
quel avenir pour le street art ?
Lâengouement grandissant pour lâart de rue ou plus communĂ©ment « le Street Art », laisse place Ă un avenir irrĂ©solu. En effet ce mouvement a suscitĂ© de nombreuses oppositions, engrangĂ© un nombre trĂšs important de procĂšs rien quâĂ lâĂ©chelle nationale. Comment un art dont le support se trouve ĂȘtre initialement les murs extĂ©rieurs, les barriĂšres, les palissades, ou encore les transports en commun, peut-il conserver son principe de base, un art porteur de message, lorsque celui-ci se retrouve dans les galeries les plus mondaines des quatre coins du monde ?
Aujourdâhui, on retrouve une poignĂ©e dâartistes reconnus mondialement mais cet art se dit pratiquĂ© par de nombreux milliers dâamateurs qui chaque jours se livrent Ă leurs crĂ©ations dans les villes de notre planĂšte. Le Street Art garde donc son image urbaine et rebelle dâart porteur de messages. Pourtant, on observe une nouvelle catĂ©gorie dâacheteurs sây intĂ©resser souvent attirĂ©s par la spontanĂ©itĂ© des Ćuvres. On assiste donc Ă un Ă©largissement du marchĂ© de lâart contemporain, devenu florissant ces derniĂšres dĂ©cennies, mais Ă©galement Ă la crĂ©ation dâune dimension commerciale de lâart de rue. Par consĂ©quent, le Street Art touche maintenant un autre publique, dans des conditions diffĂ©rentes puisque lâon sâĂ©loigne de cette image dâart accessible, interdit et gratuit que Cornbread, Cool Earl ou encore Chaz Bojorquez exerçaient aux Etats unis dans les annĂ©es soixante.
Art urbain, Street Art, muralisme, graffiti et mĂȘme art contextuel : les mots pour dĂ©signer les Ćuvres de rue sont nombreux. Ils montrent la diversitĂ© de cette forme dâexpression Ă lâorigine populaire et provenant de racines diverses. Le Street Art pourrait ĂȘtre qualifiĂ© de protĂ©iforme de par la quantitĂ© dâesthĂ©tiques, des techniques et Ă©galement des cultures quâil rassemble mal grĂ©s leurs diffĂ©rences. Il se fraye un chemin entre les Ă©poques, les lettrages Ă lâaĂ©rosol, les pochoirs, les affiches, les sculptures et mĂȘme les installations. Le point commun se trouvant ĂȘtre leur lieu de crĂ©ation : la rue, son lot de prise de risque, de rĂ©bellion face Ă lâautoritĂ© (dâou lâusage quasi-systĂ©matique du pseudonyme) et souvent le refus de voir lâĆuvre commercialisĂ©e. Son illĂ©galitĂ© et sa gratuitĂ© distinguaient alors cet art des autres. Aujourdâhui, ces exercices ont tendance Ă sâenchevĂȘtrer avec dâautres : en effet lâinitiative spontanĂ©e de lâartiste alterne avec les crĂ©ations Ă but lucratif, le lieu de crĂ©ation premier (la rue) devient alors un critĂšre dâapprĂ©ciation secondaire, cĂ©dant la place Ă lâengouement des mĂ©dias, des salles de ventes pour les artistes cĂŽtĂ©s.

