
Etude:
Le phénomène Banksy

Parole d'experts:
Une côte montée
en flêche
Longtemps associé à un art gratuit définit par une volonté de transgression et de subversion, le street art est aujourd’hui omniprésent sur le marché de l’art dans toutes les capitales tel que Londres, New York, Berlin et même Paris. Devant cet engouement médiatique et populaire, galeries et maison de ventes ne cessent d’organiser des événements dans le but d’attirer la communauté en pleine expansion, des collectionneurs. Des opérations de marketing en tout genre se mettent en place, souvent en relation avec les instigateurs principaux de cet envolé de l’art urbain : La presse et les ventes publiques. Les cibles de ces démarches commerciales sont généralement des trentenaires passionnés de graffitis, des collectionneurs d’art contemporain voulant ajouter à leurs collections des œuvres de cette nouvelle branche que forme le street art, une abondance de spéculateurs et même de fonds de placement à la recherche de bonnes affaires. En effet, l'art urbain demeure l'un des domaines les plus accessibles de la création contemporaine. "L'essentiel des enchères se situe entre 1 000 et 50 000 euros. On est encore dans un secteur émergent, avec un fort potentiel d'augmentation, loin de certains prix de l'art contemporain", écrit Arnaud Oliveux, organisateur de vente. "J'ai acheté ma première pièce en 1999, pour quelques centaines de francs. C'était une oeuvre de Miss Tic dont les pochoirs dans les rues de Paris me fascinaient, avec leur façon d'égayer le quotidien." nous explique de son côté Nicolas Laugero Lasserre actuellement directeur de l'espace Pierre Cardin et reconnu pour la création d’une collection exceptionnelle de trois cents œuvres. Ce trentenaire a encore fait parler de lui avec l’acquisition récente d’un puissant montage de JR (artiste français célèbre pour ses collages poético-politiques de la Palestine au Kenya) au prix de 30 000 euros. Cependant on observe depuis quelques années une vive critique des institutions de vente de la part des artistes. En effet ces derniers dénoncent des côtes façonnées de manière importante, par les galeristes. La pratique la plus courante serait de racheter à bas coûts les œuvres d’artistes « protégés » par ces maisons de ventes et de négocier directement avec les collectionneurs : une œuvre achetée aux enchères contre une œuvre offerte pour gonfler toujours plus les côtes. Cependant il nous faut faire la part des choses : certaines galeries se laissent ainsi guider par l’intérêt financier nouveau que représente cet art, comme vu ci-avant. En revanche d’autres s’y intéressent vraiment, en effet les galeristes n’ont pas forcément les mêmes ambitions et motivations. Les pratiques expliquées plus haut, sont décriées tant par les artistes que par les galeristes entre eux. La galeriste Magda Danysz évoque même un risque : « c’est un mouvement de fond confronté à un effet de marché. Le danger serait que ça devienne un effet de mode ». Ainsi aujourd’hui, le marketing apparaît crucial dans un marché de l’art mondialisé et financiarisé, où galeristes et artistes deviennent de véritable stars.
Reconnaissable au premier coup d’œil, les œuvres de Banksy sont suivies par la planète entière, de Bristol, la ville qui l’a vu naître et grandir, à New York, son dernier terrain de jeu. Cet artiste, dont l’identité est toujours inconnue du grand public et alimente les rumeurs les plus folles, a su convaincre tout le monde avec ses dénonciations de la guerre, du capitalisme, de la police et du tiers monde. Son succès est aujourd’hui incontestable et ce sans galeries.
Il domine le marché de manière avéré, loin devant ses pairs. En effet son record de vente s’élève à plus d’un million d’euros tandis que la plus haute recette pour un artiste de rue après celle-ci, atteint un peu plus de 180 000 euros (il s’agit d’une œuvre de l’américain Kaws). On note également que seule une poignée d’artistes dépasse les 100 000 euros et à peine une dizaine les 20 000 euros. Cette personnalité de l’art urbain en pousse même certains à découper des murs entiers où il a signé pour ensuite les vendre sur le marché.
Le Street Art, un marché en quête de maturité
Pour se rendre compte de l’impacte économique de l’art urbain à l’heure actuelle, il suffit de descendre dans les rues ou de consulter n’importe quels médias. En effet, un nombre important de galeries voit le jour chaque semaine, accueillant toujours plus de monde. Le marché du street art est en nette progression, mais seule une minorité d’artiste en profite.

Décriptage
L’art urbain est un mouvement artistique trop protéiforme pour être défini par une technique. Il s’agirait plutôt de définir des familles : celle tu tag, du graffiti, celle du pochoir, celle de l’affiche et toutes les autres.
Le terme de street art désigne donc des choses très diverses, qui touchent aussi bien à l’esthétique qu’à la culture des artistes et à leur manière d’aborder la ville. Dans le contexte actuel, à tendance commercial, il existe une zone flou entre toutes les formes d’interventions : ni les moyens utilisés à l’origine (marker, bombe aérosols, pochoirs), ni l’illégalité et la transgression, ne suffisent plus à les qualifier. De même, le street art spontané tend à « disparaître », recouvert par celui des artistes dits de galeries (qui ne pratiquent pas dans la rue). Cependant cette « barrière » à tendance à tomber petit à petit : les « puristes » se rendent compte à l’aide de projet tel que la Tour Paris 13, le palais de Tokyo, qu’on peut faire des choses de qualités au sein de l’institution.
On assiste depuis quelques temps à l’explosion du marché de l’art urbain avec les nombreuses ouvertures de galeries. En parallèle à cela, l’opinion générale s’accorde à dire qu’il y’a une dénaturation du street art et l’arrivé de l’opportunisme au sein de la communauté.
L’avenir du street art reste donc brumeux mais promet d’être au moins brillant économiquement. Affaire à suivre !